Italie, Sicile
1995« Où est ton raté de frère ? » Kathleen sursauta et chercha son père du regard, elle le trouvait du premier coup en suivant la piste de sa voix. Juste derrière l'entrée, elle se retourna vivement, se trouver dos à son père était la plus mauvaise chose à faire. Instinctivement elle vérifia qu'il n'avait aucune arme mortel entre les mains, jusqu'ici ce n'était jamais arrivé, mais il y avait toujours un début à tout.
« Je ne sais pas, peut-être en train de fomenter votre meurtre. » Elle le vouvoyait, c'était plus facile ainsi pour faire la distinction entre les deux personnages, celui qui lui faisait face n'était plus son père, il s'était montré adorable durant leurs premières années, celui qui était devant elle, actuellement, était un déchet. Seul, aigrie, alcoolique, il pouvait bien utiliser ses poings pour passer ses nerfs, jamais il ne les atteindrait. Ce qui le rendait encore plus impuissant et imprévisible. Robert eut un rire gras, imbibé d'alcool sa voix était plus rauque et insupportable.
« Vous êtes toujours collés ensemble, qu'est-ce qu'il fou ? » Il s'avança vers elle, Kathleen recula quand il claqua la porte après elle. Son regard ne laisser aucun doute sur ce qu'il lui ferait si elle ne répondait pas. Elle pinça des lèvres et releva le défi.
« Vous n'avez pas mieux à faire ? Finir votre énième bouteille de whisky par exemple ? » Elle savait, avant même qu'il lève la main sur elle, qu'elle allait avoir mal. Quand les menaces n'avaient plus suffi à leur père, il les avait donc mis à exécution. C'était le revers de la provocation, mais tant pis, jamais elle et son frère ne lui laisserait la moindre emprise sur eux. Ils se suffisaient et peu importe les complications qu'ils rencontraient, ils n'avaient besoin de rien d'autres qu'eux même.
Plus tard dans la nuit Kathleen ne parvenait pas à dormir, son frère aurait dû revenir depuis deux heures, mais il était toujours absent. Pour la dixième fois en dix minutes elle vérifia l'heure, elle savait généralement où il était et ce qu'il faisait, ce qui n'était pas pour la rassurer, mais elle lui avait promis de ne jamais partir à sa recherche le temps qu'il arrange les choses pour eux. Elle s'engageait à tenir sa promesse et se retourna dans son lit pour essayer de dormir. A l'aube elle était dans la salle de bain, avec du fond de teint elle s'employait à camoufler l'hématome, malheureusement elle ne pourrait rien faire pour sa lèvre ouverte. C'était un accord tacite entre les jumeaux, personne ne devait découvrir que leur père les battaient, ils avaient d'autre plan qui n'impliquait aucun assistanat social ou juridique. Quand la porte s'ouvrit elle sut avant de croiser son regard dans le miroir que c'était son frère, son regard s'assombrit de culpabilité quand il remarqua les marques.
« C'est bientôt terminé. » Lâcha-t-il en enlaçant sa soeur. Soulagée, elle entrelaça ses doigts aux siens et se laissa aller dans cette étreinte que beaucoup qualifier d'amoureux lorsqu'ils en étaient témoins, eux se fichaient des qu'en dira-t-on et ne faisaient rien pour les contredire.
« Tu sais bien que je te couvrirais le temps qu'il faudra. » Il enfouit le visage dans son cou et souffla de dépit. Avec lui Kathleen se sentait plus forte que jamais, elle n'avait besoin de rien d'autre que son frère.
« Il te tuera si ça dure plus longtemps. » Il murmura en caressant du bout des doigts l'hématome bleui sur son flanc, elle récupéra sa main et l'embrassa avant de retourner à son affaire.
« Il ne me fait pas peur et si tu étais comme lui tu saurais que j'ai les os solides. » Lui, se contenta de répéter que ce serait bientôt terminé.
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1996« Mes enfants c’est le moment de vérité. » Kathleen fixait la devanture de ce restaurant, les mains dans les poches elle se tourna ensuite vers son frère. Allumette en main il la fixa à son tour. S’il mettait le feu à ce restaurant ce serait alors le début d’une nouvelle vie, une vie sans père tyrannique, alcoolique et violent, s’il mettait le feu à ce restaurant et tuait l’homme qui s’y trouvait encore son frère serait alors membre et homme d’honneur de la Cosa Nostra et elle serait traité avec respect. Ils intégreraient une famille bien plus nombreuse et en grande partie illégale. Derrière eux le Caporegime les observaient avec attention, les jumeaux n’étaient pas dupe, ils étaient parfaitement conscient que si son frère n’agissait pas le chef serait chargé de les éliminer tout les deux pour en savoir trop, mais ce n’était pas pour ça que la menace les feraient abdiquer, jamais personne n’aurait le moindre contrôle sur eux. Kathleen était-elle prête à vivre avec un, voir d’autres par la suite, sur la conscience pour échapper à un homme? Elle hocha la tête pour son frère, ce dernier gratta l’allumette sur la boite et la jeta par l’ouverture brisé de la vitrine.
“Je savais que vous ne nous décevrez pas mes enfants, maintenant allons nous en.” Mais ils ne le suivirent pas jusqu’à la voiture qui les attendaient, main dans la main, Kathleen observa le restaurant prendre feu et songea à l’homme en train de se consumer à l’intérieur. Elle ne faisait pas les choses à moitié, si elle devait avoir des morts sur la conscience elle en serait témoin jusqu’au bout. Surtout s’il s’agissait de la mort de leur père, ce n’était pas par vengeance qu’elle avait acquiesçait à la mise à mort, non c’était par stoicisme. Avec son frère, elle était capable de tout tant qu’il était à ses côtés. La Coupole avait désigné le patriarche De Luca comme victime pour s’assurer de la fidélité de son nouvel homme d’honneur, Kathleen avait eu le droit d’assister à la mise à mort car cela faisait partie du marché que son frère avait conclu avec eux.
Une heure après, ils se trouvaient dans la maison de l'homme qui les avaient recueillis après leur fugue du domicile familiale, Raphael Luciano, qui n'était autre que leur Caporegime. Il leurs donnaient les instructions à suivre concernant l'annonce du décès de leur père et le comportement qu'ils devront alors afficher pour paraitre innocent, après quoi ils seront légalement émancipés à l'âge de 16 ans grâce à l'un des avocats associés qui s'en chargerait.
"Et moi qu'est-ce que je fais?" Le chef cligna des yeux en la dévisageant.
"Que veux-tu dire ma petite?" Son frère a ses côtés sourit, les femmes étaient respectées par les membres de la mafia italienne, c'est en partie pour cette raison qu'il s'est arrangé pour qu'ils puissent y entrer, mais elle n'escomptait pas se tourner les pouces pendant que son frère agissait comme homme de main. Avec aplomb et conviction Kathleen répondit au chef.
"Vous ne pensez tout de même pas que je vais suivre vos règles en me contentant de jouer la parfaite femme au foyer ou maîtresse de maison comme votre femme? J'ai 16 ans et tout mon avenir devant moi, je vais suivre un cursus universitaire en comptabilité et vous aidez à blanchir votre argent par des dépenses et des bénéfices légaux." Les femmes n'avaient certes pas leur place concernant les actes illégaux comme le trafic en tout genre, la dissuasion par incendie, ou encore les meurtres, elles pouvaient leurs êtres utiles dans de tout autre domaine.
"Ma foi si tu veux faire ce genre d'étude ton frère pourra te les offrir, je ne te garantis rien ma petite, mais si tu te montres persuasive tu y gagneras surement ta place dans le domaine de ton choix." Elle sourit à son tour, son objectif désormais tout tracé, elle saurait se montrer persuasive et déterminée pour l'atteindre.
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2002"Ton frère est un sale enfoiré!" Elle releva les yeux de son livre de compte et haussa les sourcils en trouvant un Lucas au visage ensanglanté à sa porte. Même ainsi il arborait toujours cette gueule d'ange à faire pâmer les femmes, elle n'y était d'ailleurs pas indifférente non plus.
"Ce n'est pas nouveau, qu'est-ce qui s'est passé?" Elle délaissa ses papiers et s'avachie dans son fauteuil pour l'entendre relater ce qui avait mis son frère dans une colère suffisamment importante pour s'en prendre à son meilleur ami. Lucas quitta le seuil de sa porte pour venir s'appuyer d'une fesse contre son bureau, devant elle et toujours ce sempiternel sourire arrogant qui lui plaisait tant.
"Je lui ai demandé où je pourrais bien t'emmener diner, il m'a peter la gueule en me disant mot pour mot : Si tu lui fais le moindre mal je t'arrache les couilles et je te les fais manger. Je crois que sa ressemblait bien à sa bénédiction." Kathleen n'en revenait pas, stupéfaite elle fixait ce bellâtre au nez cassé et ensanglanté qui était allé trouver son jumeau pour lui demander de sortir avec elle, officiellement, car ça faisait déjà quelques mois qu'ils passaient du bon temps ensemble.
"Mais...Pourquoi voudrais-tu..." Il se pencha vers elle, comme un automate elle attrapa le premier bout de tissu qui lui tombait sous la main pour le lui coller sous le nez qui goûtait sur son parquet et l'empêcher de l'embrasser.
"J'ai changé mes plans te concernant, ça commence à lancer des paris là dehors, c'est à celui qui t'épousera le premier et devine quoi?" Le regard de la jeune femme se fit plus acéré et son ton acerbe.
"Tu as parier gagnant et vanter de m'avoir dans ton lit depuis déjà 8 mois." Il hocha la tête et son frère avait accepté qu'il l'invite à diner? Lucas lui avait fait la cour officieusement durant des mois avant qu'ils deviennent amants, toujours dans le plus grand secret, à dessein, car les relations sérieuses vécues au grand jour les emmener le plus souvent au mariage. Elle avait un gout prononcé pour les hommes arrogant, qui savent exactement ce qu'ils veulent et s'acharne à l'obtenir.
"J'apprécie ta franchise Lucas, je vais parier aussi. Je vais parier que je n'épouserais aucun de vous et empocher tout votre argent." Elle récupéra tous ses papiers, se leva et quitta la pièce sans un regard vers lui. Il reviendrait à la charge elle le savait, maintenant qu'il avait parier il ferait l'impossible pour gagner, mais Kathleen ne plierais pas cette fois. Dans d'autre circonstance elle aurait pu accepter l'invitation officielle à dîner, vivre leur relation au grand jour et l'épouser, même si elle n'était pas amoureuse de lui, mais il n'était pas question d'être le trophée d'un quelconque jeu stupide entre mâles arrogants.
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"Epouse moi Kathleen." Un frisson lui parcourut le dos, c'est Lucas elle le sait, mais le frisson n'a rien de sensuel. D'une main possessive il lui caressa le ventre, embrasse sa nuque et lâche un soupir appréciateur.
"Ce n'est pas le moment, j'ai du travail." Elle était sur un cas particulièrement vicieux et ne parvenait pas à trouver le moyen de légaliser l'argent de ce trafic, elle ne perdait pourtant pas l'espoir d'y parvenir. Elle avait quitté la soirée caritative auquel elle y assistait au côté de son frère qui s'était fait une place comme homme d'honneur influent parmi la cosa nostra, mais elle l'avait quitté plus tôt pour plancher sur ce sujet comptable. Lucas avait dû la voir quitter la fête et suivis.
"Ne sois pas si entêtée, je sais que tu m'aimes et je saurais très bien prendre soin de toi." D'ordinaire elle appréciait le ton suave que prenait sa voix lorsqu'il avait l'intention de lui faire l'amour, mais cette fois son intonation était un peu trop lente et empâtée. Elle donna une claque sur la main qui remontait de son ventre à sa poitrine et voulut se dégager, mais il la coinça contre son bureau.
"Lucas, est-ce que tu as bu?" Elle a froid, elle parvient à se retourner pour lui faire face et observer ses yeux.
"Peut-être, un petit peu." Elle savait reconnaître un regard embrumé par une consommation excessive d'alcool.
"Tu es ivre, tu sais que l'alcool est proscrite nom de nom, rentre chez toi avant que l'on te trouve..." Il plaqua sa bouche contre la sienne, ca n'avait rien à voir avec les baisers tendre, passionnés qu'ils avaient échangés avant de rompre, c'était brutal et conquérant. Elle aurait pu apprécier s'il n'était pas ivre. Tout ce qu'il reçut fut une gifle.
"Reprend toi." Furieux, il se jeta sur elle pour faire valoir son autorité, loin d'être passive Kathleen se défendit becs et ongles et c'est une petite bataille qui investit son bureau. Tout en essayant de le raisonner elle parcourut la pièce pour se lancer vers la porte, qu'il atteignit avant elle et ferma à clé. Son regard, sa voix, elle tentait de prendre une retraite vers... Elle ne savait pas où elle allait, mais sa priorité était de sortir d'ici.
"Je t'aime Kathleen, cesse de t'obstiner inutilement et épouse moi." Elle aurait pu dire oui et le renvoyer chez lui, mais ce n'était pas une menteuse et les principes de la cosa nostra proscrivait le mensonge.
"Non. Va t'en, avant de faire quelque chose de regrettable." L'alcool pouvait pousser les cas désespérés à agir n'importe comment. Lucas s'avança droit sur elle une lueur mortel et déterminé dans les yeux et elle se buta contre le bureau, à nouveau il l'accula et tenta de l'embrasser. Elle se débattit, ne supportant pas qu'elle lui tienne tête il la repoussa brutalement sur le dos et releva la jupe de sa robe. Kathleen ne paniquait pas, elle avait toujours eu un sang froid à toute épreuve. Pendant que son ex-amant se débarrasser de son pantalon, elle prit le coupe-papier sur son bureau et le planta sans hésiter dans sa poitrine.
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Grande Bretagne
2 ans de cavale, c'est éreintant, stressant et pas le moins du monde terminé, mais à deux ils étaient capables de tout. Ils n'avaient pas à s'inquiéter des forces de l'ordre, la cosa nostra ne s'impliquait jamais avec eux, mais ces derniers étaient bien décidés à leur remettre la main dessus. Elle et son frère étaient désormais des traitres et par conséquent il fallait les éliminer. Assise en tailleur sur le lit elle épluchait les petites annonces de travail, elle releva les yeux quand elle entendit le rire sarcastique de son frère avachi dans un fauteuil devant la télé et elle sourit à son tour. Délaissant les journaux elle alla retrouver son frère pour s'installer sur ses genoux et réclamer silencieusement un câlin, naturellement il referma ses bras sur elle.
« Regrettes-tu parfois ton célibat ? » Il avait abandonné sa fiancée sans une once d'hésitation, les mains tremblantes, désorientée et le corps sans vie de Lucas à ses pieds il était arrivé à ce moment-là, comme s'il avait ressenti alors qu'ils étaient éloignés par plusieurs pâtés de maison qu'il se produisait quelque chose. Ils avaient pris la fuite sans un regard en arrière.
« Serais-tu en train de me demander si je n'aurais pas préféré être avec Julia plutôt que toi ? » Elle hocha gravement la tête, il lui releva le visage pour croiser son regard et caressa sa joue du pouce. Chaque fois que les jumeaux se touchaient c'était un élan d'amour qu'ils partageaient, mais jamais ils n'avaient dépassés la limite de l'inceste contrairement à ce que beaucoup étaient persuadés.
« Pour rien au monde je ne te quitterais, je n'ai jamais aimé d'autres femmes que toi soeurette, encore moins cette blonde frigide. » Elle sourit, rassérénée.
« Moi non plus, je n’aimerais jamais d’autres hommes que toi. Je prends ça comme une promesse, tu as intérêt à la tenir. »**
2004Kathleen s'arrêta, quelle était cette odeur ? Elle renifla l'air en regardant autour d'elle. Il était tard, ou tôt, elle s'était dégoté un job de barmaid dans un night-club du coin, il n'était pas rare qu'elle rentre en plein milieu de la nuit chez elle. Elle se raisonna en mettant ce soudain élan de peur sur le compte de la paranoïa, il n'y avait pas un chat à cette heure dans les rues. Elle reprit son chemin, le pas un peu plus énergique cette fois, pressée de rentrer. Puis elle se retrouva tout à coup au sol, son nez se cassa en rencontrant le bitume, une douleur insoutenable lui imprégna la jambe, elle hurla, puis son flanc se retrouva lacérer. Sa vision se troubla sous la souffrance que lui imposait son corps, elle n'avait même pas le temps d'aligner deux pensées cohérentes, même pas le temps de se demander ce qu'il lui arrivait, mais elle agit instinctivement, pour frapper l'air de ses bras en se retournant. Une autre souffrance insoutenable lui mordit l'épaule, la vue brouillait de larme elle ne voyait rien. Elle entendait par contre les grognements féroces et le sang bourdonnait dans ses oreilles quand elle fut secouée comme un simple bout de tissu. Un éclat scintillant capta son regard avant le trou noir.
Elle eut de bref moment de conscience par la suite. Il y avait ce visage penché au-dessus d'elle, la douleur l'élançait dans tout le corps et des gémissements ténus sortaient de sa gorge. Des éclats de voix.
« Prenez-moi et laissez ma soeur en paix. » Elle est sûre d'entendre celle de son frère, encore un trou noir. Elle se réveille en sursaut et un haut le coeur qui la fait suffoquer et cracher du sang, on lui murmure quelque chose qu'elle n'entend pas, elle cherche son frère.
« Killian ? » Elle croise vaguement un regard vert, une expression grave et la douleur revient.
« Il est mort. » Est-ce sa tête qui tourne ? Non, elle a mal et les arbres marchent, ou plutôt elle bouge.
« Killian ? » répète-t-elle avant de sombrer à nouveau.
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« Lâchez-moi espèce de sauvage ! » L'homme qui l'avait accueillie chez lui une semaine plus tôt leva les mains en l'air en signe de reddition. Depuis une semaine Kathleen passait de l'hystérie, aux crises de larmes, à l'abattement le plus total, à la violence. Parce qu'elle était blessée il l'avait attachée au lit pour éviter d'aggraver ses blessures, du moins c'est ce qu'il lui disait.
« Vous ne m'aidez pas mademoiselle, je ne vous veux pas de mal. » A force de s'agiter dans le lit elle avait mal là où ses points de suture lui tiraillaient la peau, mais cet homme lui demandait quelque chose qu'elle n'était pas en mesure de lui accorder, se tenir tranquille. Elle le connait ni d'adam ni d'eve, il la ramasse dans la rue, la soigne et l'emmène chez lui pour la ligoter sur un lit et il voudrait qu'elle lui fasse confiance ?
« Alors relâchez-moi. » Une lueur déterminée glissa derrière ses pupilles d'un vert admirable, dans ces moments de calme elle pouvait passer des heures à fixer ce regard qu'il lui retournait sans broncher.
« Vous êtes trop instable. Cette situation ne me plait pas plus qu'à vous, mais c'est dans votre intérêt. » Elle reposa sa tête sur l'oreiller en marmonnant des injures dans sa langue natale et fut satisfaite en le voyant froncer des sourcils.
« Mon nez me gratte, vous voulez bien le gratter ? » Méfiant il s'avança néanmoins pour frotter doucement l'arrête de son nez cassé, elle ne rata pas l'occasion pour lui cracher au visage.
« Vous êtes impossible ! J’en ai assez de vous ! » Elle trépigna d'impatience, il allait la relâcher, les hommes sont tous les mêmes il suffit de les pousser à bout pour qu'ils abandonnent la partie. A bout, il attrapa sa mâchoire et riva son regard dans le sien.
« Votre frère est mort, vous ne le retrouverez jamais. Au cas où vous ne l'aurez pas encore compris un démon vous poursuivez, votre frère s'est sacrifié pour vous, ne rendez pas son sacrifice inutile en allant vous jeter dans la gueule du loup. Jusqu'à ce que vous ayez compris cela, vous resterez attachée à ce lit. » Elle se mordit la lèvre, elle retint ses larmes, mais la souffrance dans son coeur était si forte qu'elle fondit en larme. Son coeur était vide, c'était un gouffre dans lequel il manquait cette place particulière, sa place.
« Je sais, ça fait mal, vous en souffrirez toujours, mais avec le temps vous apprenez à vivre avec cette douleur. » Elle hurla, se débattit plus fort de ses chaînes et cracha toute sa haine à la figure de cet homme. Elle ne voulait pas vivre sans son frère, non, sans lui la vie n'était rien. Elle voulait qu'il la tue sur le champ, qu'elle rejoigne le seul amour de sa vie, où qu'il se trouve, en enfer, au paradis, ou tout autre lieu que se dégénéré lui rapportait. Son frère n'avait pas tenus sa promesse.
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2011Kathleen s'alluma une cigarette et termina sa ronde. C'était beaucoup plus facile depuis qu'elle travaillait à son propre compte et sa clientèle était désormais bien installée, ça lui laissait un peu plus de temps à accorder à sa traque. A pas tranquille elle revenait vers l'appartement de Lachlain, depuis qu'il l'avait attachée à son lit des années plus tôt, elle n'avait finalement jamais quitté son appartement et emménager chez lui. Quand elle entra une musique douce s'échappait de sa chambre, elle sourit en refermant la porte d'entrée et fonça. Elle sait exactement ce qu'il s'y passe, elle ouvre la porte et y trouve son coloc en compagnie d'une charmante rousse dénudée et lascive sur lui.
« Comment oses-tu ? Chez nous ! Dans notre lit espèce de salopard ! » La femme sursaute, recouvre son corps d'un drap et bondit du lit persuadée de se trouver en pleine scène de ménage et d'adultère. Kathleen ramasse ses vêtements et lui balance fringues et insultes à la figure jusqu'à ce qu'elle quitte l'appartement. Lachlain, lui, se contente de lâcher un soupir résigné pendant qu'elle se jette sur le côté libre du lit, comme si rien ne s'était passé.
« Salut beau gosse. J'ai fait une rencontre intéressante cette nuit. » Il jura, ramassa le drap tombé au sol et s'en recouvrit le bas ventre avec moult soupir de frustration bien masculine.
« Moi aussi. Tu viens de la chasser de mon lit. Maintenant il va falloir que tu la remplaces. » Elle sourit et baissa sans gêne le regard vers la partie de son anatomie qu'il camouflait sous le drap.
« Une autre fois peut-être, j'ai plutôt l'impression que je t'excite pas trop, regarde-moi ça c'est tout flasque. » Ils passèrent quelques minutes à se balancer des vans à la figure, le temps que la tension et la frustration de Lachlain baisse et qu'il commence à rire, puis elle reprit son sérieux.
« Bon, je t’ai dit que j’ai faites une rencontre intéressante, tu connais les Feannag ? » Elle sortit de sa poche la pièce que l’un d’eux lui avait donnée et lui tendit. L’homme qui lui avait donné après avoir brièvement unis leur forces contre un outre récalcitrant, avait bien précisé d’en parler à personne, c’était entrer dans une oreille pour ressortir cinq minutes après par l’autre. Quand il s’agissait de la traque elle ne cachait rien à son mentor. Ce dernier prit la pièce et l’examina avec attention.
« J’en ai vaguement entendu parler, ce sont des chasseurs ? » Kathleen hocha la tête, elle ne se serait pas permis de l’interrompre en pleine nuit d’amour si elle n’envisageait pas la chose sérieusement.
« Il m’a dit qu’ils commençaient à se regrouper, il m’a donné un rendez-vous, si je m’y rends c’est que j’aurais décidée de les rejoindre. Mais je ne sais rien d’eux, qu’est-ce t’en pense ? » Il croisa ses mains derrière sa tête et prit le temps de la réflexion, Kathleen prit le temps d’observer ses yeux si magnifique qu’il gardait fixement levait au plafond.
« Je suppose que s’il t’a donné ce rendez-vous c’est qu’il a vu de quoi tu es capable. » C’était clairement une accusation, elle l’entendait dans sa voix. Il n’était jamais d’accord sur ses méthodes, elle était trop insouciante d’après lui et se mettait trop souvent en danger inutilement.
« Hey j’ai toujours été discrète, on traquait la même proie on s’est tombé dessus c’est tout. Tu viendras avec moi ? » Il avait toujours insisté sur le fait de garder le secret sur les outres, Kathleen avait tout de suite deviné pour quoi. Si leur existence était dévoilés aux yeux du monde ce serait l’anarchie, elle s’était donc toujours montrer le plus discrète possible lors de ses traque.
« Non. » Elle haussa des sourcils et se redressa de sa position allongé pour mieux le regarder.
« Pourquoi ? » Il riva son regard au sien et garda le silence un long moment avant de prendre la parole, Kathleen se coupa de toute émotion lorsqu’elle reconnut une lueur qu’il laissait rarement apparaitre dans son regard.
« Tu es un électron libre Honey et tu es tellement obnubilée par ta haine et ta vengeance que tu ne vois rien d'autres. Ca fait presque 7 ans que tu as emménagée ici et j'en ai assez de faire preuve de patience. Tu ne réagis même pas lorsque je ramène des femmes ici, pourtant ça fait quelques temps qu'on le partage ce putain de lit, je ne te considère plus comme une femme de passage. Reste avec moi, laisse tomber cette traque, elle ne te ramènera jamais ton frère. » Il se levait aussi, ses doigts glissèrent sur sa joue et sa main attrapa sa nuque pour venir l'embrasser avec amour. Kathleen le laissa faire.
« Si tu décides de rejoindre les Feannag, tu quitteras cet appartement et tu me quitteras moi. » Elle resta de longues secondes à le fixer, il lui demandait clairement d'abandonner ce pour quoi elle vivait encore, la seule chose qui la maintenait en vie. Il posait un ultimatum, quitte ou double, dans son regard il ignorait qu'elle serait sa réponse. Vivre avec lui ? Ou vivre avec les Feannag ? Kathleen descendit du lit et prit la porte.