“ Nicolas Blomkvist the time has come to see how bitter the razor tastes ƒ 1 ♂
Pseudonyme : JJ En ville depuis le : 05/02/2015 Nombre d'insultes postées : 27 Crédits : Tumblr Célébrité : Matthew McConaughey Âge du personnage : 40 ans Métier : Pianiste vagabond
| Lun 2 Mar 2015 - 19:23 | |
| Dressé dans les spasmes quotidiens du monde moderne, le mortel tenait les secousses en s’accrochant, véhément, à la poignée caoutchouteuse du véhicule commun, pour s’empêcher de chuter. Chaque convulsion mécanique le rapprochait encore un plus de la foule. Les corps luttaient, s’entrechoquaient les uns aux autres, et tout ça dans la plus extrême normalité. Pour Nicolas, pourtant, ça n’était pas rien. Pris dans l’étau de chair, une surprenante poussé de nostalgie le comblait alors, intrinsèquement. Il n’extériorisait pas grand-chose. Il ne dévoilait même absolument pas la moindre bride de ressentie. Cependant, il sentait dans cette union contrainte une force ésotérique s’élevée brusquement. L’improbable désir de lever le poing, de cracher ses viscères, de serrer avec rage le premier badaud à porté d’étreinte, tout ça, le submergeait d’un coup d’un seul. C’est une sinusoïde, ce type, aux amplitudes bien trop variables pour s’accorder une juste analyse. Un mince sourire vint alors détendre son visage rogue, rendu cadavérique par la teinte olivâtre de l’éclairage, et lui donnait l’air d’un gus un peu secoué. C’était du moins l’idée qu’il se portait de lui-même, lorsque son regard pers se faufilait au travers de ceux qui l’accompagnaient dans son périple. Un fou, qui s’en allait en rejoindre d’autres. A l’air libre. « Amphét’, kétamine, ecsta’ … tout ce que tu veux l’ami, tout ce que tu veux pour décoller sévère. » Il n’avait pas vraiment réagit face aux promesses du diable, se contentant de décliner l’offre par l’indifférence en passant son chemin silencieusement. Il n’avait pas besoin de barbituriques pour décoller, de toute évidence. Mais cette invitation au rêve lui insémina tout de même le souhait de satisfaire un manque. Une carence d’espoir qu’il pansa par la tequila contenue dans sa flasque, un graal qu’il dégaina de sa poche intérieure. Cette même poche d’où se libéra maladroitement un petit bout de papier, flânant dans de venteuses spirales, avant de s’écraser fragilement au sol. « 17 Queensgate avenue. La musique des âmes libres. » L’inscription aux fins caractères, griffonnée sur un coin de table, le propulsa quelques jours dans l’histoire. Il se rappelait de ce rade, de son numéro, et de cet homme, noir et imposant, qui lui avait prodigué conseils, après avoir écouté ses rythmiques. Il se souvenait de cet étrange entretien, et de cette adresse lâchée durant son cours, désignant un lieu où se réunissait de talentueux artistes. Lui ne se considérait pas réellement comme tel ; il ne faisait que vider son sac sur son instrument, sans réelle technique, mais avec une évidente sincérité. Bloqué dans l’obscure, il songea un temps à cette rencontre, et à son avenir proche. Ce soir, Blomkvist n’allait pas rentrer chez lui, à cuver. Fuir la nébuleuse, pourchasser la voûte céleste, malgré tout.
Il décortiquait inlassablement ses souvenirs, mais n’y décelait aucune trace récente de ce lieu, de cet endroit, de cette ruelle. Comme si tout ça, finalement, n’était que pur chimère. Pourtant, tout semblait palpable. A l’intérieur, là encore, l’impression d’explorer l’imaginaire le secouait quelque peu, si bien qu’il ne parvenait pas à identifier la nature première du bâtiment. Dessinée au coeur de sa ligne de mire, une scène, immaculée d’une lumière blême, comme suspendue au dessus d’un désert noirâtre. Obnubilé par cette projection forcément irréelle, il se sentit piégé lorsqu’une voix l’arracha de sa torpeur « Je ne m’attendais pas à vous voir. » De cet homme émanait quelque chose de sage, d’apaisant. Cet homme, Nicolas l’avait déjà croisé, et c’était à lui qu’il devait sa présence ici. « Moi non plus » Souffle-t-il, le regard accroché au centre de ses convoitises. Plusieurs instruments y étaient distinguables, et autour d’eux gravitaient des hommes, et des femmes. « Bienvenu à l’orchestre symphonique d’Inverness, monsieur Blomkvist. Loin d’eux l’idée de récolter les lauriers de la gloire, on trouve ici ceux qui jouent uniquement pour l’amour de jouer. J’ai jugé que vous étiez probablement de cet acabit vous aussi, en vous voyant la dernière fois. Je me trompe ? » Il laisse cette dernière en suspend, et descend un peu plus vers la lumière, happé par la scène, et par ce piano à queue, laissé à l’abandon, comme une offrande divine. « Allez-y, je vous laisse faire vos gammes. » Dit l’homme, d’un ton cordial. Nicolas, lui, n’articule toujours pas la moindre syllabe, et ne daigne pas non plus saluer les corps en mouvement tout autour de lui. Dans son cosmos, il s’installe sur le siège de l’instrument à corde. Ses doigts craquent, ses yeux domptent les touches. Que le spectacle commence.
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