Nom + tajhan. Prénom + moses. DATE ET LIEU DE NAISSANCE + le 24 août 1972, à Leicester. Métier + inspecteur du Bureau Fédéral de l’Outremonde, recruté parmi les réformés du Régiment royal d'Écosse. APPARTENANCE + on discute la méthode, jamais son allégeance. Il se saigne pour les missions dont on l'investit. Le BFO, c'est sa raison d'être, un putain de sacerdoce. Traits de caractère +  amoral, pugnace, cinglant, retors, brutal.

Sans cracher sur ses origines, Moses fait tout ce qu'il peut pour les distancer. Elles et un père ayant profité de l'exploitation des mines de diamants en Sierra Leone. + Il ne le connaît pas. Ce sont juste des histoires que sa mère raconte. + Dans un souci accru d'assimilation, il s'engage dans l'armée britannique dès qu'il le peut. A compter, il passe plus de temps en dehors qu'en-dedans du pays auquel il entend appartenir. Il est presque nationaliste. + Il est détaché au régiment écossais en 1997, de s'être marié et d'avoir déménagé pour Aberdeen. + Il déteste cet endroit. + Il signe pour l'Afghanistan puis pour l'Irak. + Il est réformé en 2008, alors qu'il réclame d'être encore déployé. + A l'époque, l'examen psychologique convient qu'il est trop instable. + La sanction le fait définitivement sombrer. Personne n'établit vraiment ce qu'il fait de son temps. A l'exception d'Archibald Abbot, qui entend parler de ses faits d'armes et l'approche au cours de l'année 2010. + Il faudra pratiquement un an pour en faire un vrai inspecteur.

Moses fume constamment, arguant que, de toute façon, il ne vivra pas assez longtemps pour voir le cancer. + Il a totalement perdu son sens du travail collectif. + Son équipier a du courage. + Il a un appartement parce qu'il faut bien une adresse à mettre sur les courriers, mais Moses n'y dort presque jamais. + Il ne voit pas tellement l'intérêt de demander gentiment quelque chose qu'on peut obtenir en cognant franchement. + On n'aime pas forcément ça, en haut, mais le BFO n'est pas si officiel et, puis, on en ignore la moitié. + Sans son boulot, il virerait dingue. + C'est pas un sentimental.

Pseudonyme + on m'appelle souvent salut seksey - okay, c'est plutôt ducon. Âge + j'suis assez vieux pour avoir tutoyé ta mère. Fréquence de connexion + tout le temps, c'est du spam. Groupe + initiés (j'ai l'impression qu'on parle plus d'un club SM qu'autre chose, m'enfin). Crédits + pathos, saez, musset, ielbafuckingyeah, dans le désordre.

Code:

[color=crimson][b]idris elba[/b] • moses tajhan[/color]

« Nan, qu'il rétorque en recrachant de sa cigarette. Les sidhe-seers, mec. » Le type qui s'adresse à Moses s'appelle Angus. Angus, il est tapé comme une kalachnikov : le physique annonce la couleur, pas engageant mais bon rapport qualité, prix. Dans un genre Bureau Fédéral de l'Outremonde en sus. Le partenaire parfait. « Les sidhe-seers sont mieux, qu'il continue. » L'écossais lève les yeux au ciel, certain de soulever l'évidence. Ça ne tient pas le débat, mais il y va tout de même de son commentaire. Par principe, d'abord. Et parce qu'il voit bien que l'anglais ne le croit pas. « Leur côté cuisses serrés, crocs sortis. » Le cul posé sur le capot, il ramène le pied sur le pare-chocs. « Être mal-baisée, ça te booste une femme au combat. » Il mâche un peu le filtre de sa clope. Finalement, il ajoute, vague et songeur : « Thatcher était sûrement une sidhe-seer. » Il acquiesce, il s'approuve. Et ça fait rire Moses, qui continue d'aller et venir, à scruter l'horizon. Ils se marrent comme deux cons, certains que ce sexisme ne tuera personne si on ne les attrape pas. Seulement, il n'y a rien à observer. Pas de trace de l'indic' qui les a contacté. Alors Moses se retourne et balaie l'objection d'Angus d'un revers de la main. « Les sidhe-seers ont des fils qui se touchent. Okay. Mais, vraiment... mes préférés, c'est les démons. » Il s'interrompt pour s'interroger dans le silence. « Ex aequo avec les faës. » Son équipier lui oppose une grimace qui s'éternise, façon tu t'fous de moi. « Mais si, qu'il se maintient. Ils ont toujours – toujours, des noms à la con... type personnage biblique, ou peintre à bobos. Faust truc. Ou Josué mon cul. » Il lève les mains en l'air, sourcils froncés. « Non ? » Angus ne répond rien. Il préfère largement se foutre de sa gueule et ricaner dans sa fumée. « Tu veux trouver un démon ou un faë ? Fais-toi un tour de la National Gallery ou de l'Histoire de l'Art pour les Nuls : c'est le registre officiel des péteux de l'Outremonde. » « T'es vraiment con, Tajhan. » « Presque sûr qu'ils sont obligés d'y choisir leur nom comme le tiers-monde dans le calendrier grégorien... »

Plus tard.

Il se balance sur sa chaise. Ça crisse à chaque passage. Ça l'exaspère. Ça l'agace d'autant plus qu'il fait sombre au dehors. Il devrait y avoir un grand soleil à l'endroit de ces nuages sinistres. C'est fou comme il fait sombre, au dehors. « Où est-elle, en ce moment ? » Il demande, la voix basse et le regard fuyant. Il demande alors qu'il aime n'en rien savoir. C'est seulement son devoir, son rôle sordide ; une force, quelconque, fugace, l'oblige à demander. Mais il secoue le crâne, lorsque le médecin lui répond : « Elle se repose. » Les hôpitaux, ce sont des euphémismes. Des murs, des portes et des fenêtres d'euphémismes. Ils dégueulent de partout. Moses ne voit que ça, et ça commence à suinter sur sa peau. Il se dégoûte. Il se sent sale. Et seul. Personne n'est venu lui tenir la main. Il se disloque d'avoir, trop vite, accepté de s'asseoir. Il doit souffrir, maintenant. Et que ça se voit, surtout. Mais sans jamais le dire et sans jamais s'en plaindre. « Ne vous inquiétez pas, dit la blouse blanche. » A les entendre, il ne faut jamais s'inquiéter. Moses apprécierait que la terreur qui se délite dans tout son être cesse donc de s'inquiéter. « Riverwood est l'endroit qu'il lui faut. » Il hoche la tête. Il ne s'en rend pas compte. Il fait ce qu'on espère de lui. Qu'il accepte. Ça fait longtemps qu'il ne fait plus rien d'autre que tout ce qu'on exige de lui. Une porte qui claque, plus loin, au-delà, l'éveille, l'agite, avec une sensation, d'être là et d'être vivant, qui l'excède et lui colle la nausée. Il surprend le regard qu'on lui offre en consolation mais, aussitôt, il rejette cette pitié, cette molle sollicitude qu'on sert aux autres à un format d'usine. « Je veux la voir. »

« On ne sait toujours pas ce qu'elle a, confesse le médecin. » Il glisse une main sur l'épaule de Moses. Heureusement, ce dernier est si bien tourné qu'il n'a pas, en plus de sentir, à voir cette compassion clinique. « Ses épisodes maniaques nous en diront plus maintenant qu'elle est là. » Il fixe, à travers le carré de verre, le visage absent, et étrange, qui s'enfonce dans les oreillers. Elle ne les regarde pas. Elle ne le regarde pas. Pire encore, elle l'ignore. Elle ne fait bien que ça depuis maintenant sept ans. « On trouvera. » Il s'en moque. Moses n'a pas besoin de savoir ce qu'elle a. Il sait déjà. C'est la raison de tout ce qu'il était, jadis, et de tout ce qu'il est devenu. C'est la raison de toutes ses connaissances de l'Outremonde et de toute sa folie. Deux ans à parcourir l'Ecosse, les choses, les gens, à la recherche du moindre indice pour tout comprendre. Deux ans pour blesser mortellement l'ennemi qui lui avait tout pris. C'est elle, c'est sa raison. Sa femme. Qui n'est plus guère sa femme. Qui n'est plus guère qu'une pri-ya depuis longtemps.