« Fenrir ? Fenrir, réveille-toi. » La présumée voix me soulève le cœur, me laisse un goût âcre dans la bouche. Pourtant, rien n’y fait, je reste figé dans les méandres. Ma léthargie ne cessera que lorsque la lumière parviendra à se frayer un chemin au travers des flots obscurs. Pour le moment, je suis comme mort. Alors je rêve. Souvent, perdu dans les limbes d’un sommeil fragile, j’entends cette voix thaumaturgique qui tente de me délivrer, de me réveiller. Elle semble vouloir soulever le voile sur mes maux, mettre un mot sur l’origine du mal qui me dévore. Il est aisé de se faire entretenir par la paresse de l’habitude, par l’attrait des choses simples. Ouvrir les yeux, réellement, voila bien toute la difficulté de ce monde.

Fenrir. J’ai parcouru les temps, mais je ne suis qu’une goutte sur l’échelle cosmique. Une particule vieille de 80 000 ans, abreuvée par la jouvence du graal de notre terre, le chaudron de clarté. Créature noble, progéniture d’une haute lignée, j’inhale les traditions ancestrales Faës depuis ma conception. Etançonné par ma condition de ponte, j’ai toujours eu grande foi envers les principes, les valeurs érigées par ma famille. Arme fidèle, guerrier accompli, fin stratège, j’étais de ceux composant la garde rapprochée de notre reine absolue. Un gardien des ordres lumineux. Conditionné par des années de vie Seelies, je m’infligeais le respect des règles avec une rigueur implacable. Un soldat, solitaire mais discipliné, gouverné par d’inébranlables convictions. Dans le monde d’en-haut, les codes changent, à l’extrême. Le mal est à comprendre, le bien est évident. Il sommeille en chaque Homme quelque chose de pernicieux, de compliqué à sonder. Mes passages sur Terre ont indubitablement bouleversés ma prolixe existence. J’ai côtoyé l’interminable châtiment des âmes en peine. J’ai assisté à leur descente en enfer, à leur longue et pénible route vers le grand nulle part, à leur détermination, aussi, à vouloir vivre quand même, coûte que coûte. Lisbeth était de ceux-là. Abimée par les tourments d’une vie peu scrupuleuse, elle voulait mettre un terme à tout espoir. Un mari violent, une carrière de pianiste ratée, un quotidien sans saveur, itinéraire assez commun, en somme. Je me souviens l’avoir rattrapé en vol, pour apaiser son retour sur le sol. Je l’ai rencontré au cours de ce siècle, elle était belle, marginale. Elle a fait de moi …

Nicolas. Je fume, sans relâchement, et contemple avec émerveillement mon temps s’égrener dans l’incandescence de ma partenaire. J’en craque une, d’ailleurs. C’est un souvenir de mon père, je crois, le fait d’avoir sa cibiche collée constamment au bec en s’abêtissant devant les matchs de soccer. J’exècre ce sport, maintenant. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais c’est comme ça. Je n’ai pas revu mon père depuis des années, par ailleurs. Eprit du Rhum, il crèche désormais en cure de désintox’. Le bon moyen de terminer ses vieux jours en paix, c’est vrai. Comme lui, je me désintègre progressivement mais mon truc, à moi, c’est plutôt la tequila, entière et sans glace. Quelque chose d’assez brutale, quelque chose de suffisamment robuste pour me sortir de ma nébuleuse. Il est vrai, je plane régulièrement, peut-être entre les anneaux gelés de Saturne, et la magnétique Jupiter. Je passe le plus clair de mon temps les yeux levés vers la pénombre voilée ; je crois même que devenir astrophysicien avait été un de mes rêves de gosse. De cette chimère, j’en ai gardé uniquement mon goût prononcé pour paraître constamment à côté de la plaque. Je ne ressens pas d’envie. Je suis vide. L’unique, mon seul moteur, c’est mon instrument. J’ai ressenti l’envie de parcourir les touches d’un piano assez brusquement, comme ça, instinctivement. Le genre de talent inné, je suppose. Dénué d'exubérance, je joue dans les troquets underground d'Iverness, soumis aux oreilles d'une clientèle souvent trop amorphe pour réellement m'écouter. Mais peu importe. Je me délivre juste.

Pseudonyme + JJ Âge + 25 ans  Fréquence de connexion + Aléatoire, en fait. Une petite moyenne de 4 jours sur 7, allez.  Groupe + InitiésCrédits + Tumblr Bannières, icons, musiques, citations... // gif de almosthuman sur tumblr, avatar de purple rain

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