Nom + Fairbairn Prénom(s) + Elspeth, dite Ellie Date et lieu de naissance + Trois octobre 1985 Allégeance + Son allégeance envers son organisation, la Màthair et sa destinée sont égales; mues par la même ardeur, la même diligence, la même fidélité. Cadencée par le sang qui pulse dans ses veines, celui-là même qui fait d’elle protectrice et bienfaitrice, elle fait l’apologie de son ordre en leur dévouant sa vie et ses armes, en se faisant chantre de leurs idéologies, héraut de leur dogme, conduit de leurs sommations. Elle exécute, tantôt salvatrice, tantôt tortionnaire, son bras l’arme commandée par le Cercle. Arme(s) + Si elle a été entraînée à manier les armes à feu, c’est avec une épée en main qu’Elspeth se sent confortable, maîtresse de ses habiletés, confiante. Sa petitesse conjuguée à deux lames plus courtes que la normale se trouve être une symbiose parfaite, létale; c’est d’ailleurs l’arsenal qu’elle affectionne le plus. Elle est aussi habile au lancer de couteaux. Métier + Livreuse pour le compte de SEE SLS. La ville est son terrain de jeu; elle connaît le dédale urbain comme les murs de l’abbaye qui l’a vue grandir, chaque recoin tient une place importante, émotionnelle, presque. Certes, la besogne est ingrate. La pluie, la chaleur, la neige ne sauraient mettre en veille les opérations de l’entreprise. Or, elle la fait sans rechigner, considérant cette tâche comme parallèle – voire complémentaire – à celle qu’elle est destinée à accomplir. Lorsque nécessaire, elle occupe quelque fonction de bureau, remplit formulaires et commandes, même si elle préfère largement être sur le terrain. Au sein de l’abbaye, elle est chargée de maintenir l’ordre et le bon état dans la bibliothèque, de gérer les demandes et les recherches de ses congénères et de fournir les étagères au gré de son humeur. Traits de caractère + Loyale – Intransigeante – Dévouée – Arrogante – Honnête

Tranquille, placide – comme l’accalmie avant le blizzard. Bouillante, rageuse – comme une soudaine éruption. Autour d’elle, on retient son souffle. Quelques syllabes autrement banales passent ses lèvres gercées; dès que le son meurt dans sa gorge, elle devient ainnir, vierge guerrière au sein des Sidhe-seers. Ce qui semble être le poids du monde s’efface de ses épaules. Elle sent avoir trouvé sa place, trouvé comment finalement réaliser ce destin qui lui est promis sans compromettre sa raison. Et pourtant, le poids laisse un vide. Loin pourtant les souvenirs de ce bébé emmailloté qui hurle, crache ses poumons dans l’appartement de celle qui fut sa mère. L’orpheline ne l’est plus depuis longtemps, entourée de sœurs et de mentors qui veillent sur elle comme une famille. L’amertume lui brûle l’œsophage.

Elle s’arrête devant la modeste échoppe, colis sous le bras. « Ohé, Ellie! » qu’elle entend à peine le seuil franchi. Le gamin qui occupe l’arrière du comptoir l’observe avec entrain, enthousiasme même. L’estafette dépose le paquet, adressé, elle le sait, à ce brun qui semble néanmoins désintéressé par son contenu. « Alors, la sortie dont je t’ai parlé? Ça te dit? » Il essaie, tente autant que son orgueil le lui permet. L’esquisse d’un sourire étire les commissures des lèvres de la fille. « Désolée », s’esbigne-t-elle, loin de l’être réellement. Il pouffe les joues, déçu. Le dépit est évident, or il poursuit. « Si ça te plaît pas, on peut aller au ciné, aussi. » Elle hoche la tête, opine négativement sans émettre le moindre son. « Est-ce que tu commandes des trucs sur Internet juste pour espérer que je passe par ici? » Inverness n’est guère métropole et chaque agent de SEE SLS a sa propre route à desservir. Nul besoin de trop réfléchir pour comprendre que l’on peut aisément user de ces horaires. Il ne nie pas – se contente de sourire. Fier, qu’il a l’air, comme s’il s’était persuadé que son chafouin subterfuge conquerrait sa douce. Elspeth soupire, replace une mèche rebelle de ses cheveux foncés sous la casquette à l’effigie de son employeur. « Désolée. » Elle répète sa défense inlassablement. « T’es vraiment qu’une pauvre fille frigide », lui crache-t-il au visage alors que la jouvencelle passe la porte. Amusée, elle se retourne, toise avec un mépris que l’on ne lui connaît que peu le visage soudain ahuri de l’interlocuteur. Pauvre type. « L’idée que tu m’intéresses pas t’es même pas passée par la tête? » Inintérêt était un euphémisme; Elspeth ne se penchait guère sur quelque vague intérêt laissé par l’homme – ou la femme – dans son esprit. Sa mission importait davantage; elle était en ce monde pour la réaliser et avait promis pureté dans l’accomplissement. Le carillon tintinnabule alors que la porte se referme sur son uniforme. « Merci d’avoir choisi SEE SLS. »


Elspeth baisse le regard vers le petit triangle d’ébène gravé dans sa chair. La cicatrice est partie depuis longtemps; or, chaque moment du rituel est aussi limpide dans son esprit qu’au moment de son déroulement. « Sois pas aussi déconcentrée, tu vas t’faire tuer, El », taquine une piuthar presque aussi arrogante qu’elle. D’aucuns croirait que sa petite taille lui serait néfaste contre le bout de femme qu’elle s’apprête à combattre, qui la dépasse d’au moins une tête. En position, elle mire avec intérêt la contenance de son adversaire, analyse chaque micromouvement avec des yeux félins, perçants. La piuthar charge, ses boucles rousses dansant autour de son visage; Elspeth esquive avec grâce, assène à sa camarade un coup précis, derrière le genou, qui la déstabilise. Étendue de tout son long, la rouquine grogne, mécontente. « Parle pas trop vite. » Un sourire outrecuidant orne les lèvres de l’ainnir. « Je te casserais en deux les yeux fermés. » On lui reproche souvent son arrogance – la présomption lui va mal, qu’on lui répète sans cesse, et pourtant elle ne peut s’empêcher de sauter sur chaque occasion. Elle s’approche de son adversaire défaite et lui tend une main généreuse. L’autre femme la prend malgré tout. « Attention à ton flanc gauche », lui suggère l’ainnir, « c’est ta faiblesse ».


Un grand fracas s’épanche dans la bibliothèque et Elspeth toussote. La poussière des grandes armoires lui ont enseveli les bronches; elle se jette sur sa bouteille d’eau comme un assoiffé dans l’oasis. Entre Perséphone et Tesla, les ouvrages se sont répandus autour d’elle, la forçant à réitérer sa besogne. « Misère », qu’elle souffle entre ses dents serrées. Or, elle ne considère point sa tâche comme une punition. La mine de connaissances qu’elle exploite jour après jour la fascine autant qu’elle la sidère, et ce n’est qu’entourée de ces milliers de manuscrits, ancêtres comme modernes, qu’elle comprend à quelle point elle est insignifiante – ignorante. Ellie baisse le regard sur la couverture du premier livre sur la pile qu’elle se doit de reclasser. Darwin la nargue, inconsciemment, peut-être – sans doute – méconnaissant de la réalité du monde. De l’origine des espèces ne contient certainement aucun chapitre sur ceux qui, comme elle, ne sont pas de ce monde.