[justify]« Ok, voyons ce qu’on a aujourd’hui… » Carice se pencha sur le manifeste des livraisons prévues aujourd’hui. Il y en avait un certain nombre malgré l’été – ou à cause, peut-être – et les filles qui s’occupaient de livrer tous ces colis allaient avoir du pain sur la planche. La jeune femme emporta avec elle les papiers et se dirigea vers le garage où les véhicules s’apprêtaient à partir. Ses collègues – ou plutôt ses sœurs – finissaient de charger enveloppes, paquets et cartons plus ou moins volumineux et les livreuses faisaient déjà tourner les moteurs. Carice s’approcha de Rose, une Clann dont le rituel était prévu pour bientôt. « Tu devrais éviter de passer par le Victorian Market aujourd’hui. C’est la saison des touristes, il y a aura sans aucun doute pas mal de circulation, je te conseille de passer plutôt par là. » La Piuthar indiqua d’un doigt l’itinéraire à suivre et la jeune fille acquiesça. Carice retourna sur l’aire de chargement, et observa avec ses sœurs de la logistique celles qui quittaient le garage pour réaliser leurs tournées de la matinée. « Il faudra qu’on refasse les stocks d’enveloppe, on arrive bientôt au bout. » Carice hocha la tête. « Je m’en occupe demain, si tu veux. » Deirdre secoua la tête. « Non, ne t’en fais pas, je travaille à nouveau cet après-midi, je ferais les devis pour les fournisseurs. » Carice sourit à sa sœur et toutes deux retournèrent dans le bureau pour déposer leurs différents papiers. Carice en avait terminé pour aujourd’hui, d’autres viendraient prendre le relais au retour des coursières et elle ne reviendrait que le lendemain pour, cette fois-ci, une journée complète.

***

Sa matinée de travail terminée, Carice rejoignit l’abbaye. Il lui restait une petite heure avant d’aller déjeuner et elle avait envie d’aller s’entraîner un peu. Si elle souhaitait devenir Còmhragair, il lui faudrait montrer sa valeur et prouver qu’elle était prête à assumer ce rôle. Carice ne doutait pas de ses aptitudes au combat. Elle s’entraînait depuis qu’elle savait tenir sur ses deux jambes – sa mère et sa grand-mère s’étaient assurées qu’elle reçoive une éducation de la meilleure qualité pour la préparer à assurer un rôle importante dans la société sidhe. Le combat à l’épée n’avait plus de secret pour elle. Elle avait commencé tardivement le maniement des armes à feu, préférant rester « médiévale » durant son adolescence, mais lorsqu’elle eut un pistolet entre les mains, ce fut comme une révélation. Il lui avait fallu un peu de temps, malgré tout, pour s’habituer à la légèreté et la précision de certaines de ces armes mais elle avait fait montre d’une grande habileté au tir, surtout avec un fusil et à distance. Carice était alors vite devenue un sniper, excellant dans cette catégorie plutôt qu’avec une arme de poing. Pour autant, si le fait de tirer à distance était un atout conséquent lors de certaines missions, Carice appréciait tout de même bien plus le corps à corps. Il y a avait quelque chose de plus grisant à donner des coups, en recevoir et sentir la douleur irradier son corps. C’était le genre de sensation qu’elle préférait, ils lui donnaient l’impression d’être plus vivante. Même si les arts du combat à mains nues n’étaient pas sa spécialité, elle se défendait plus pas mal… Et en cette matinée, c’était quelque chose qu’elle avait envie de mettre à l’épreuve. Carice passa rapidement dans sa chambre pour se changer, enfiler un pantalon de danse et un débardeur noir, et rejoignit l’une des salles d’entraînement de l’abbaye. Elle jeta un coup d’œil dans une des salles où de très jeunes filles étaient sous la tutelle d’une des Còmhragair et s’engagea dans la pièce de boxe. Plusieurs de ses sœurs étaient déjà l’entraînement, qui se mesurant à un punching-ball, qui faisant des étirements sur les tapis. Carice aperçut Sheilagh, avec qui elle aimait se mesurer, et lui décocha un sourire entendu. La petite blonde sourit en retour et, quelques instants plus tard, les deux femmes étaient sur le ring, prêtes à entamer leur danse.

***

Carice s’engagea sur la piste en terre qui longeait la rivière. Elle ressentit une petite douleur sur une côte, lui signalant une nouvelle fois que Sheilagh et elle y avaient été un peu fort ce matin. Douchée et rassasiée après cette dure matinée, Carice avait décidé de s’aérer l’esprit en se promenant sur les rives de la Ness. C’était l’une de ses balades préférées : marcher le long des chemins, traverser les petits ponts qui parsemaient les berges, observer les pêcheurs dans l’eau jusqu’à mi-cuisse – on pouvait traverser la rivière sans jamais perdre pied – et croiser les quelques touristes de la saison qu’une bonne marche n’effrayait pas. Il n’y avait rien de plus agréable en cette journée ensoleillée de juillet…


(mise en forme et fin à venir)